La vision inspirée transformée en enchantement visionnaire -
l’œuvre artistique de Lamiel
« En poésie comme en peinture, il est des œuvres
qu’il faut voir de près, et d’autres qui plairont davantage de loin »
ut picta poesis, erit quae; Si propius stes
te capiat Magis, et quaedam, si longius abstes
― Horace, Ars Poeta II. 361-63
Comme les surréalistes classiques au début du siècle dernier, Lamiel hante les marchés
aux puces, les librairies anciennes, et un bon nombre de vide-greniers espérant la
«rencontre fortuite» appropriée.
Ce qui était peut-être considéré comme une matière morte est alors récupéré afin de lui donner une nouvelle existence et une nouvelle vitalité, devenant de vrais parchemins de vie qui combinent le passé et le présent .
Récupérer : reprendre possession .
L’artisan chez elle conçut sa technique, l’artiste épura sa palette de teintes subtiles qui évoque l’empreinte du temps .
Lamiel passe du hasard de ses trouvailles à sa nécessité de peintre .
Technique et matériaux mises à part, plus que tout autre chose c’est dans l'impact émotionnel
et sentimental de ses créations artistiques que la véritable singularité de Lamiel réside.
Rarement une telle simplicité a été transformée en des images sublimes, véritablement envoûtantes, qui transmettent le calme et l'harmonie.
C'est un art qui exsude la chaleur.
En effet, il réchauffe littéralement le cœur.
En regardant son travail, en l’étudiant, on ne peut s'empêcher d'entrer dans son Royaume ;
plus qu'un spectateur , on devient un explorateur, cherchant toujours de nouvelles choses à voir dans le domaine que chaque œuvre dépeint.
Jamais n'a été plus pertinente la conviction que la véritable matière de l'art n'est pas tant dans le corps de l’oeuvre qu'à l'intérieur de chacun de nous .
Ici plus qu'ailleurs il faut laisser le regard se détacher du corps pour occuper l'espace
tout autour .
L’artiste manipule avec une sobre sagesse, une force figurative aux limites de la monochromie :
Une vision particulière de l’orientalisme avec tout ce que ce regard contemporain place d’écart
entre rêve et réalité dans une proposition qui génère tout en le conservant le sentiment de voyage .
De cette exposition « Par d’autres chemins » se dégage une douce poésie, vagabonde et
insaisissable .
Comme beaucoup de grands artistes l'ont souligné, il faut créer avec le coeur plus qu'avec la tête .
Une oeuvre d'art qui n'a pas commencé dans l'émotion n'est pas de l'art .
Quand le rythme dévorant du monde moderne frappe et écrase l'âme, L'art de Lamiel nous rappelle que nous en avons une .
Horace avait raison ; certains artistes très spéciaux - dont Lamiel fait partie - ont ce don pour faire de leur art une forme de poésie visuelle naturelle. La vision inspirée de l'artiste devient soudainement l'enchantement visionnaire du spectateur.
Jeremy Lester